16. Far-West du Parana

On dit... le Brésil... et l’on imagine d’impénétrables forêts tropicales, des plages de sable lisse bordées de cocotiers, des plantations où les cannes à sucre se dressent comme d’immenses roseaux; et on évoque les plaines marécageuses égayées du vert tendre des bananiers, les fazendas aux pieds de café alignés à perte de vue, on pense aux étendues herbeuses du sud où paissent d’innombrables troupeaux.

Mais le Brésil, c’est aussi ce paysage qui pourrait être européen, un cirque de vieilles montagnes usées aux formes arrondies, un vallon boisé, un ruisseau aux eaux claires où l’on peut pêcher des écrevisses.

C’est dans ce cadre bucolique que j’avais été monter un teillage de lin, Dieu seul sait pourquoi. J’ai passé quelques belles années dans ce verdoyant Far-West, peuplé presque uniquement de colons polonais et ukrainiens. De temps en temps je revenais vers le monde, me replongeant dans le bruit et la fumée des villes...

Les bottes de paille rouie sèchent sur le pré et il doit être onze heures, car mes petites ouvrières s’en vont déjeuner. Quelques-unes étaient bien jolies.