08. Chargement de café

Santos, c’est le café. Les vieilles bâtisses de l’époque coloniale regorgent de sacs de café, les entrepôts sont pleins de café et partout on respire cette odeur de café vert, odeur de poussière des terres rouges des fazendas, odeur de sac, odeur chaude. C’est l’odeur de Santos, gâtée maintenant par la fumée des camions Diesel.

Quand nous habitions Santos, il y a plus de vingt ans, c’était encore en carriole que l’on transportait le café, de petites carrioles à deux roues tirées par un mulet, ou d’autres à quatre roues à double attelage. Dès qu’un navire arrivait au port, c’était une joyeuse théorie de ces charrettes, peintes de vives couleurs, qui, au grand trot, se dirigeaient vers les quais, accompagnées de la fanfare des grelots et de claquements des fouets qu’agitaient les conducteurs, de solides portugais moustachus, coiffés d’énormes chapeaux de paille et ceints de tabliers de jute. Rênes en main, jambes écartées, ils se tenaient debout à l’avant des charrettes, droits et fiers comme des cochers de chars romains.