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União da Vitória - PR | 1958​

15. Bivouac au bord de l’Iguassu


20,1 x 29,0 cm  |  Sérigraphie aquarelle à la main 
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On a passé l’Iguassu sur le bac qui relie les rives à cinq cents mètres en amont des rapides. Les hommes ont dételé les chevaux, rempli les mangeoires accrochées aux ridelles des chariots. On a puisé de l’eau au fleuve.

C’est maintenant l’heure de détente pour les charretiers. Accroupis autour d’un feu de bivouac, ils se passent la bouteille de cachaça¹ en attendant que l’eau commence à bouillir. On procède alors aux rites du chimarrão², cependant que défilent les souvenirs encore frais du séjour à União da Vitoria. Bientôt, après une frugale collation de saucisson et de pain noir, les caroceiros iront dormir sous la bâche goudronnée de leurs wagons, au milieu des sacs de farine, de sucre, de sel, des balles de cotonnades, des caisses de quincaillerie, cargaison de retour qui a remplacé le grain, les œufs, les cageots de volaille, les peaux de bêtes à peine séchées, les balles de lin brut qu’on a déchargés hier a la ville.

Souvent j’étais du voyage. Je goûtais un charme rude à partager la vie de ces garçons aux noms slaves, à rouler sur la route de Cruz Machado, me cramponnant à la banquette de ces véhicules primitifs qui évoquaient invinciblement en moi le Michel Strogoff de mon enfance.​
1. Eau de vie à base de canne à sucre. 2. Boisson d’origine amérindienne, très traditionelle parmi les “cowboys” et les “gaúchos” du sud du Brésil.